Jean-Efflam Bavouzet est lui aussi un grand spécialiste des sonates dont il a également enregistré l’intégrale. Il clôture le concert avec les feux éclatants de la splendide Sonate n° 28 opus 101. Après la tendre conversation et les rêveries de l’allegretto ma non troppo, où les deux mains chantent d’égal à égal, le vivace alla marcia a l’allure décidée et le pianiste y répand tout un vocabulaire de couleurs apportant relief au contrepoint clairement énoncé, le rythme pointé tenu fermement de bout en bout. L’adagio ma non troppo con affetto respire dans une douce profondeur nocturne, avant l’évocation du tendre thème initial, entrecoupé de points d’orgue suspensifs. Le pianiste bondit littéralement vers le dernier mouvement allegro ma non troppo, lui insufflant un incomparable esprit de vie, dans un enthousiasme ignorant la difficulté contrapuntique. La rudesse archaïsante de la fugue est adoucie par un pianissimo d’où part une arborescence sonore brillamment conduite vers la coda et son dernier rappel thématique.