Un pianiste de jazz en solo qui se tourne vers le classique. Quoi, encore du Jean Sébastien ? Non, du Beethoven, merci Paul Lay. Même si je n’éprouve pas un amour délirant pour le déficient auditif de Bonn, il est heureux de le reconsidérer dans un contexte où l’artiste use de son clavier afin de dépoussiérer les lieux communs et autres idées préconçues en offrant au compositeur une sorte de jeunesse retrouvée. Ce qui domine dans cet album, c’est la musique. On entend du Beethoven et du Paul Lay et les deux sont inséparables. On vous épargne le bla bla technique (en fait, on s’en fout) et on vous parle de la fluidité qui parcourt chaque seconde de cet enregistrement, des émotions que les 88 touches procurent, de l’atemporalité des pièces jouées, de leur nouveauté insigne et de la grâce qui les habite de manière subreptice à tout moment. A l’écoute, l’ensemble paraît d’une confondante simplicité, d’une limpidité quasi surnaturelle, et en tout point original. Original, Ludwig le fut en son temps et Paul l’est aujourd’hui (facile) ; les deux mélodistes sur la même scène auraient fait un tabac. Pour une raison obscure d’espace temps incompatible, nous nous contentons aujourd’hui de priser les deux sur le même disque et, bien évidemment, nous vous invitons à nous rejoindre.